Ces matins là

[Maly]

J'ai toujours aimé le matin ! Le retour du soleil, de la rosée nourricière
C'est le début d'une minie vie d'un jour, éphémère mais où tout est possible
Comme un cadeau que l'on reçoit, l'éventualité d'une belle première
Bien sûr mille fois reportée mais qui renaît dès les prochaines lumières

Et puis il y a ceux près de toi où mes yeux s'entrouvent sur le bonheur
Celui que me promet ton premier sourire qui me veillait patiemment
Alors que l'azur de ton regard cajole mon corps de ce plaisir sauveur
Aux pouvoirs subtils qui m'agitent telle la lune qui fait danser l'océan

Il n'existe plus à cet instant qu'une saison, qu'une envie, qu'un horizon
Il y fait chaud, tout y est doux, la bise devient soupirs, la pluie des fleurs
L' amour m'y attend, je le sais depuis que tu as dénudé jusqu'à ma raison
C'est encore somnolente, enivrée de désir que tous mes sens t'effleurent.

Il est des moments rares que la vie nous cache le temps de grandir
Pour nous les offrir au détour d'une aube fraîche ou d'un soleil couchant
Par la grâce de l'être imaginé nombre de nuits, agitée de songes à rougir
Devenu par l'amour irradié le socle de ma vie, sa sève, bel amant si aimant

Au soleil discret, comme à la lune timide, m'étirer féline, m'enrouler à toi
Telle la liane qui enlace l'arbre roi de la forêt, si fort, apaisant, si rassurant
Est devenu mon moment unique, où seule au monde je libère mes émois
Pour te dire la force de mon amour, heureuse dans ton monde exaltant

T'attendre des semaines peuplées de jours sans fin est une souffrance
Mais je sais que tu l'effaceras d'un long baiser à mes lèvres humides
De tes mots incroyables qui dans mon esprit rythment une folle danse
De caresses affolantes me chahutant comme un cannot dans les rapides

Si j'ai toujours aimé le matin, ceux près de toi sont merveilleux détours
Je les rêve, les attends, désireuse de m'éveiller amoureuse, chancelante
Je brûle d'attendre qu'ils rythment notre vie, nos plaisirs, notre amour
Ces matins là seront, je le sais, tu me l'as promis, alors j'attendrai aimante.

Maly

[Maly]

Je ne sais pas si il est pire impatience que celle d'aimer et d'être aimer. Je l'ai tellement rêver, tant attendu, que maintenant je ne peux plus m'en passer, ne serait ce qu'un instant.
Je découvre tout ça et je n'arrive pas à le gérer dans la durée.
1 jour, 1 semaine puis un mois ! Je suis forte, tout va bien... Mais bien sûr que non.
Et pourtant je ne crois pas me mentir, c'est juste que gérer le manque et la frustration qui l'accompagne est encore trop compliqué pour moi.
Alors j'écris des poèmes pour verbaliser tout ça, ou je noirci des pages et des pages dans mon livre secret pour dire mes peurs, mes manques, mes espérances et ça me fait du bien, m'apaise, mais ne répond pas à mes questions.
Ces matins là, je les ai découvert grâce au miracle d'une improbable rencontre, un soir où je me suis rendu là où l'on ne m'attendait pas, mais où se trouvait celui qui depuis me les a offert, et j'en veux maintenant plus, plus souvent, toujours.
L'amour serait-il l'ennemi du temps, ou bien est-ce l'inverse ?
Le temps passé dans les bras de l'aimé paraît si court comparé à celui passé à l'attendre.
Le temps ! Cette obsession qui me met si mal à l'aise.
Je sais qu'il me reste une année à tenir pour finir mes études, c'est peu en regard de toutes celles déjà passée à apprendre, mais tellement avant de pouvoir vivre l'histoire de ma vie comme je la rêve maintenant.
Ces matins là sont à ma vie ce que les oasis sont au déserts, entre chaque tout est sec et aride, alors le week-end prochain en retrouvant enfin mon amoureux je me ressourcerai à tout ce qu'il me donne, mon seul moyen de tenir jusqu'à la prochaine oasis.

[Maly]

Ça va mieux !
Un we amoureuse et hop le soleil revient. Mon chéri est magicien !
Et poutant la pluie est tombée presque sans interruption ces deux derniers jours, mais l'entendre fouetter les carreaux au réveil, dégouliner dans nos cheveux pour se mélanger à nos baisers puis nous offrir des flaques géantes pour des sauts à pieds joints à noyer nos chaussures tels des enfants, tout ça n'a eu pour seules conséquences que des éclats de rire, de la joie pure et un besoin encore plus grand de se tenir et de se serrer.
J'aime depuis toujours les éléments naturels, je les connais presque tous maintenant que même les sommets enneigés me sont familiers, et si pour la plupart je les avaient vécus longtemps seule et rêveuse, je les ressens encore plus comme des amis précieux maintenant que l'on est deux .
Je me rends compte petit à petit que si je suis follement amoureuse de ce garçon c'est beaucoup parce qu'il a aussi cette sensibilité à notre environnement naturel, et même si c'est quelque chose que je n'arrive pas à expliquer je sais que c'est essentiel pour nous deux.
J'ai déjà écrit ici mon attachement à la lune, aux océans, à des énergies invisibles pour l'œil mais si fortes qui font beaucoup de celle que je suis. C'est un sentiment ancré en moi, au plus profond et que j'ai deviné chez lui dès ses premiers mots.
Ces matins là que j'évoque sont de ces ressentis particuliers et intimes , une pièce unique dans un puzzle immense , la clé de voûte de notre amour encore récent bien sûr mais sans lequel je crois que ma vie n'aurait plus de sens, vidée de son essentiel.
Je pleurais il y a encore quelques jours du manque de ces réveil,
Gwendal vient de m'en offrir deux qui m'ont remis dans le bon sens.
J'apprends chaque jours à aimer et à être aimée, et c'est contre lui que je sais le mieux maintenant exprimer ces sentiments qui inondent et irradient autant mon corps que mon cœur, au réveil, que le soleil se lève ou que la pluie tombe, qu'il vente ou qu'il neige, je suis tellement heureuse ces matins là.