J'en ai versé des larmes, j'ai mis des milliers de mots sur mes peurs, mes manques, mes tristesses. J'ai consommé toute mon énergie à étudier, à faire du sport, à rêver, portée par l'idée que je me faisais de mon avenir, mais également par ce qui me semblait être la meilleure protection du désespoir qui peu à peu me gagnait. Vivement le retour à la maison!
Et puis un jour, à peu près au mi-chemin de mon sejour, j'ai croisé l'amour, tellement loin la veille encore de ma tête, de ma vie, de mon cœur. Candide,naïve, ignorante, il m'a fallu le comprendre, l'accepter, l'apprendre et puis l'offrir et le partager. Ce fût un cheminement magique parce que guidée par un ange les questions trouvent toujours réponses et les plus rugueux obstacles se transforment en balle de coton. Au Noël dernier, j'étais fiancée mais en septembre , avec mes parents, c'était le retour à Adélaïde, définitif pour mes parents, pour quelques mois en ce qui me concerne.
Je suis partie heureuse et sereine retrouver mes sœurs, mes grands-parents et mes amis d'enfance, les petits déjà là avant d'accueillir les deux bébés tant attendus, respirer mon océan, me ressourcer dans ces lieux magnifiques où j'ai appris à marcher puis joyeusement grandi.
Évidemment durant quelques semaines tout a été magnifique, j'avais Gwendal en visio ou au téléphone aisément et on s'écrivaient sans compter, mais très vite j'ai ressenti un manque émotionnel incontrôlable autant qu'un autre physique très douloureux, comme un creux en moi qui se vidait et se creusait au fil des semaines. J'en suis tombée malade.
Plus de baisers à mes lèvres, plus de caresses à ma peau, plus de lui en moi pour m'endormir, plus de bras au réveil où me cacher, plus rien sauf le vide.
Il était si loin, je le voulais si proche!
Je m'en voulais vraiment car une partie de moi voulait s'enfuir, alors que j'ai tant voulu rentrer chez moi, et une autre rêvait des fêtes de fin d'année auprès des miens, tous les miens sauf un. C'était devenu extrêmement compliqué.
Et puis petit à petit je me suis raisonnée, encouragée et rassurée par mon chéri et bien aidée par mes sœurs, et vers la mi-décembre la date de mon départ pour la France était calée, mes parents s'étaient chargés de mon billet d'avion, j'avais prévenu Gwendal de mon retour, RAS.
Sauf que.....
Le 15 décembre, tôt le matin, maman s'absente un moment pour aller faire des courses et, alors que presque toujours je l'accompagne, elle me demande de rester à la maison attendre mes sœurs qui devaient passer avec les bébés. Et deux heures plus tard, j'entends la voiture se garer, des pas dans la petite allée qui mène à la maison, je vais entrouvrir la porte comme je le fais naturellement et là, à quelques mètre devant moi, mon chéri !

Même avec mon goût des mots et de l'écriture je me sens incapable de décrire ce que j'ai ressenti, comme une chaleur qui m'envahissait de la tête aux pieds, presque en état de sidération.
Je suis restée figée le temps qu'il parcoure les quelques mètres pour me rejoindre, je tremblais comme une feuille au vents mauvais et je sentais une cascade tomber de mes yeux , incapable de bouger et de dire un mot.
Mais quelle surprise, quel cadeau, quelle déclaration d'amour!

Alors bien sûr très vite ce ne fût que joie et bonheur. J'ai eu les explications du "complot", mes parents avaient tout organisé quand j'allais vraiment mal, les billets du retour pour nous deux étaient réservés, on avait qu'à être heureux.
On a passé des moments magnifiques, je lui ai fait visiter Adélaïde, la ferme de mes grands parents, toute ma région puis on a fêté Noël en famille, le plus beau Noël de ma vie, même si depuis notre rencontre j'ai déjà eu de belles surprises, mais là c'est au dessus de tout.
Le lendemain du réveillon, le jour de Noël, mon chéri m'a demandé de l'emmener en promenade à un endroit où je pourrais lui faire partager mon attachement à ma region, un lieu où il pourrait ressentir des sensations qui me sont propres et qu'il pourrait essayer de comprendre pour les partager.
Alors je l'ai mené à la péninsule de Fleurieu, un endroit magique , d'une beauté inouï, et on a passé quelques heures à s'y promener jusqu'à ce que l'on se pose sur les rochers d'une petite crique où j'allais souvent adolescente partager mes plus belles rêveries avec les flots.
Je lui ai raconté l'océan Indien, la grande barrière de corail, le mont Lofty, et tout ce qui m'a fait devenir la fille amoureuse de lui aujourd'hui.
J'étais si bien, alors il a commencé à évoquer l'avenir, me dire qu'il avait parlé discrètement à tous les miens pour être sûr qu'ils ne soient pas trop triste de me voir partir avec lui , comme un gentleman, pour finalement me proposer de passer près de lui l'année à venir en France le temps de finir son cursus, puis de revenir en Australie dans un an pour s'y installer et si je le souhaite de l'épouser.
Oui,oui,oui, et encore oui.


Maly.