Face au destin

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Maly
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Enregistré le : 25 déc. 2021, 18:18

Face au destin

C'est cette sensation troublante autant qu' exaltante qui a accompagné mon we.
Lors de notre récent petit séjour en Normandie avec mon chéri nous avions pour la première fois évoqué sérieusement la fin proche de mon séjour en France et commencé à imaginer les options possibles pour nous deux, conscients que le temps joue contre nous à mesure que l'échéance approche.
Depuis je sens bien à chacun de nos échanges qu'une sorte d'angoisse sourde s'est insinuée dans nos esprits, mais aussi dans ceux de nos proches.
Depuis le premier jour je crains ce moment et tout ce qu'il porte en lui de décisions à prendre, de choix à faire et inévitablement de larmes à verser, de joie comme de tristesse, je l'ai bien souvent évoqué ici.
C'est vraiment compliqué dans ma tête en ce moment alors qu'au fond je sais très bien ce que je veux, vivre près de mon chéri, exister professionnellement, fonder une famille, mais je ne veux pas vivre tout çà ici, dans cette Europe qui me fait peur et où je ne serai jamais totalement heureuse.
Alors que faire, que décider, que fuir?
En rencontrant l'amour comme je l'ai toujours rêvé, patiemment attendu , je m'étais comme imposé un scénario qui a volé en éclat en terme de lieu et de moment. J'ai rencontré celui que j'attendais mais pas où et quand je l'avais imaginé.
Alors bien sûr je devrais m'en réjouir, un des charmes de l'existence est sûrement l'imprévu, l'événement qui change tout et retourne le cœur et l'esprit, et bien souvent c'est cette sensation qui m'envahit et me rend immensément heureuse, mais je n'arrive toujours pas a accepter le déracinement que cet amour risque de m'imposer, et maintenant très proche de l'échéance je me rends compte que cette pression commence à me rendre malade.
J'ai un très mauvais souvenir de mon arrivé en France à 16 ans, contrainte de suivre mes parents pour les 5 années du contrat de mon papou.
Je suis vraiment tombée malade à l'époque, jusqu'à bloquer mon cycle naturel durant plusieurs mois, et cette expérience traumatisante me revient à l'esprit depuis quelques temps et c'est pourquoi j'évoque cette sensation d'être à nouveau en souffrance car je sais ma fragilité face aux émotions et l'impact possible sur mon organisme.
4 mois à vivre décisifs m'attendent. 2 pour être diplômée au mieux que je pourrais, puis 2 pour décider de mon avenir d'humaine et de femme, avec une seule réponse à trouver, comment vivre les deux sans sacrifier le bonheur de quiconque ?
J'ai grandi dans un endroit merveilleux avec tout l'amour possible en guise de nourriture, et maintenant j'en reçois encore sans compter de celui qui s' offre à prendre ma main pour continuer le chemin, alors peut-être que j'ai une dette envers la vie et que le moment se rapproche de l'honorer.
J'aurais mauvaise grâce à me plaindre bien sûr, tant de filles connaissent d'injustices bien plus graves, mais malgré cette évidence je n'arrive pas encore à me sortir de ce schéma pour moi vraiment traumatisant.
Je ne sais pas si j'ai le droit d'être ainsi, si c'est de la faiblesse ou de l'immaturité , de la peur irrationnelle ou un profond manque de confiance , mais même consciente de tous ces questionnement je n'arrive pas à m'apaiser.
Je ne sais plus comment dire et montrer à mon chéri comme je l'aime d'un amour qui m'emporte, je lui ai offert mon idéal en confiance et suis dans le rêve de porter un jour nos enfants. L'amour qu'il m'a appris, celui qu' il me promet, ses mots, ses regards, ses caresses, tout son être est en moi maintenant , à chaque instant, à chacune de mes pensées, à la moindre de mes respirations.
Comment vais-je pouvoir lui expliquer que mon bonheur n'est pas complet, que j'ai peur de ne pas être à la hauteur, que mes racines ont besoin de l'eau de mon lointain océan?
Ce matin il ne fait que pleuvoir, et je sais comme je suis lorsque j'écris en regardant la pluie dessiner les carreaux de ma chambre, avec la mélancolie pour compagnie, peut-être que çà ira mieux au soleil revenu.
Le face à face avec mon destin se rapproche et je crois que la peur me gagne.
Il va falloir que mon ange trouve une solution pour nous deux, moi je ne m'en sens pas capable.

Maly.
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